La stature spirituelle de Tâhirü’l-Mevlevî est très tôt reconnue par les grandes figures spirituelles de son époque : ainsi, sur le trajet du long voyage de plusieurs mois à destination de la Mecque pour le pèlerinage, il participe à des entretiens spirituels de soufis et de savants au Caire, à la Mecque et à Médine. Au cours de cette période consacrée à l’ascèse, à l’invocation de Dieu, à la méditation, le Cheikh des cheikhs (Şeyhü’l-meşâyıh) de la Mecque lui confère deux autorisations spirituelles relatives aux confréries Qadiri et Rufa’i. Ces autorisations spirituelles sont par la suite entérinées par d’autres responsables spirituels, ainsi que par le sceau de son propre Cheikh Mehmed Celâleddin Dede.
Tout au long de sa vie, Tâhirü’l-Mevlevî écrit près d’une centaine de livres sur des sujets religieux et intellectuels : la vie du Prophète, l’histoire de l’Islam, Rûmî et la Voie Mevlevîe, des œuvres littéraires, le commentaire de certains poèmes, des biographies, des articles de journaux. Il développe une grande maîtrise dans plusieurs langues, dont le persan. Sa traduction en turc du Mathnawî de Rûmî, qu’il a enrichi de commentaires éclairants, fait partie des classiques du genre. Il a été publié en dix-huit tomes sous le titre Şerh-i Mesnevî. La sensibilité dans la traduction de Tâhirü’l-Mevlevî est telle, qu’il considère qu'”Un ouvrage traduit ne doit comporter aucune trace de la traduction”.
Tâhirü’l-Mevlevî était un poète particulièrement sensible. Doté d’une foi inébranlable et d’un amour divin infini, il déclama près de dix-mille vers. Il fit sien, toute sa vie durant, la maxime selon laquelle “Enseigner est l’aumône de la science”, et fut ainsi à la fois enseignant académique et spirituel. Il forma des milliers d’élèves en étant continûment habité par le désir profond d’apprendre et par la joie de transmettre sa science aux futures générations. Dans une lettre écrite en 1942, il se définit de la manière suivante : « J’ai tout autant tiré de la joie à apprendre moi-même qu’à enseigner les choses. J’ai même éprouvé du plaisir à dire “je ne sais pas” sur les choses que j’ignorais. Car d’une certaine manière c’est aussi un enseignement. »
Il n’a eu de cesse que d’être au service de l’humanité en écrivant de précieux livres, et en transmettant son savoir académique et spirituel à des élèves émérites. En particulier, il fut à la fois le professeur de lettres et le maître spirituel de Şefik Can Dede, connu également pour ses travaux sur Rûmî et son œuvre. Şefik Can deviendra lui-même Mesnevîhân, comme son maitre et plus tard il sera élu par les autres cheikhs, Sertarik, c’est-à-dire le principal cheikh, le leader, de l’Ordre Mevlevî dans son ensemble.
Tâhirü’l-Mevlevî, qui vécut chacun de ses souffles en accord avec le caractère du Coran, s’est éteint le 20 juin 1951. Son tombeau se trouve dans le cimetière du Mevlevîhâne de Yenikapı à Istanbul à côté d’autres cheikhs et derviches Mevlevîs qui ont migré vers l’autre monde.
Les traductions qui n’ont pas de référence dans le texte, ont été réalisées par Aşkın Canları, administratrice du site